[Sagesses du monde #1] | Il me frappa et pleura, puis me devança et m'accusa
Faisons un tour de monde des sagesses(proverbes, citations...) ! Aujourd'hui, 1er proverbe, qui nous vient du Maghreb : qu'a-t-il à nous dire d'intéressant sur le monde d'aujourd'hui ?
”Drabni ou bka, sbaqni ou chka”
Il me frappa et pleura, puis me devança et m’accusa
C'est un proverbe utilisé au Maghreb pour décrire un comportement traître et lâche qu’ont certaines personnes pour se laver publiquement de tout tort.
C'est un piège tendu.
Imaginez quelqu'un qui vous frappe fort, et qui de suite se met à pleurer et hurler de douleur. C’est vous qui étiez censé pleurer non? Pendant que l'information était en train de monter dans votre cerveau, l’assaillant, lui, pleure bruyamment et un peu trop précipitamment, symptôme de tout bon menteur1.
Les gens se retournent vers vous car il a attiré l'attention.
“Que se passe-t-il ?” lancera quelqu'un.
Il vous devancera en formulant sa plainte aux spectateurs : “Il m’as fait ceci et cela, il est vraiment méchant et pas gentil !”
Un peu comme quand, enfants, on pouvait entendre :
“Maîtresse, il m’a poussé très fort et c’est lui qu’à commencé !” alors que le plaignant vient d’essayer de vous arracher votre goûter.
Les stratégies humaines sont finalement les mêmes depuis la maternelle.
Drabni ou bka, sbaqni ou chka.
Des stéréotypes comme preuves
J'ai souvent pensé à ce proverbe, récemment. Je pense à toutes ces “affaires” individuelles ou collectives, où les médias censés représenter le bon sens critique populaire, montrent les visages des victimes comme étant les bourreaux. A tel point qu’aujourd’hui, chacun d’entre nous a l’image du faciès d’un “méchant” et d’un “gentil” en tête.
Je fais référence à un procédé raciste, qu’il soit de classes ou d’ethnies. Cela consiste à interpréter une image vestimentaire ou langagière que dégage une personne que l’on considère inférieure à soi, pour la juger coupable. L’oppresseur peut se permettre de faire accuser l’oppressé avec tout un système derrière lui, car dans son fort intérieur, il pense :
“Que va-t-il faire, cet insecte, face à mon pouvoir ? La justice, c’est moi ”
C’est comme ça que l’on en arrive aujourd’hui à considérer qu’un visage de peau plus foncé avec des sourcils fournis et une longue barbe seraient les signes distinctives d’une personne dure et/ou violente avec des intentions mauvaises. Au nom de quoi ? Avec quelles preuves ?
Une barbe ou une couleur de peau ne sont pas des symptômes de violence, tout comme la langue parlée n’est pas porteuse d’une culpabilité intrinsèque non plus. Cela paraît évident, mais même à l’échelle internationale, ce genre de propos peuvent être tenus tous les jours, de manière directe ou indirecte.
En effet, en particulier depuis fin 2023, les masques tombent plus fortement que jamais.
Drabni ou bka, sbaqni ou chka.
La technique si*nist*
Un porte-parole de Ts**al s’est montré, dans un hôpital détruit par les b*mbardements de son armée, en train de montrer du doigt une affiche écrite en arabe, encore accrochée au mur. Selon lui, il s’agissait d’une liste de combat*ants du H@m*S. “Regardez !” dit-il en la parcourant avec le doigt, dans un extrait qui avait été diffusé sur CNN.
Il n’y a eu besoin d’aucun montage, d’aucun zoom pour distinguer clairement, écrit en toutes lettres en arabe, un calendrier fait main : [lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi, samedi, dimanche] organisant le roulement d’équipe, comme on peut en trouver naturellement dans tous les hôpitaux.
Pendant toute la vidéo et dans tant d’autres vidéos encore, les portes-paroles du s**nisme de type violent justifient leurs attaques en se montrant en victimes, en montrant les “méfaits” des “méchants t*er*o*istes”, qui auraient entre -2 mois et 100 ans2, car, selon eux “personne n’est innocent à Gaz@”3. Ces “méfaits terribles” sont cette pr*se d’otages, qui est romantisée au maximum en y ajoutant des actes d’ultraviolence, l’histoire des 40 bébés déc*p*tés [fake news reconnue par la Maison blanche elle-même]…
Qui alors, vise des journalistes, des enfants cachés dans des maisons, des hôpitaux et décime des quartiers entiers, par dizaines de milliers ? Est-ce un groupe ba*b*ar* ou une armée qui se dit “dépassée” par une poignée d’hommes non-officiels et de jeunes leur jetant des cailloux ?
Drabni ou bka, sbaqni ou chka.
Diffamation et violences conjugales
A l’échelle individuelle, la dernière affaire médiatique dont je me souviens qui représente à la perfection ce proverbe, est l’affaire Amber Heard - Johnny Depp.
Sans entrer dans les détails, l’acteur américain Johny Depp a accusé Amber Heard, son ex-femme pour diffamation, pour avoir déclaré avoir été victime de violences conjugales lorsqu’elle était mariée avec lui. S’en est suivi un procès médiatisé et filmé, où il s’agissait pour Amber Heard de montrer qu’effectivement Johny Depp était violent envers elle, tandis que Johny Depp affirmait que c’était en fait l’inverse, et qu’elle avait des comportements violents, liés à l’alcool et aux drogues notamment. Ce procès, suivi par des millions, a été l’occasion de voir des larmes d’Amber Heard alors qu’elle expliquait les choses difficiles qu’elle aurait vécues.
Des moments du procès ne images, ici :
Johnny Depp VS Amber Heard: les moments clés du procès | AFP (youtube.com)
Le verdict a été le suivant : Amber Heard a été condamné pour diffamation envers son ex-mari, et est condamné à verser 15 millions de dollars de dommages et intérêts, tandis que l’avocat de Johny Depp aurait selon le jury vraiment commis une diffamation en qualifiant l’allégation d’Amber Heard de “coup monté”.
Amber Heard condamnée pour avoir diffamé Johnny Depp (lemonde.fr)
Drabni ou bka, sbaqni ou chka.
“Mechante Russie, pas gentille Chine”
A l’échelle collective cette fois, je me questionne sur les informations que l’on reçoit sur la Russie, qui serait un pays :
où il ne fait pas bon vivre
où il y a une dictature
qui a un président qui ne laisse pas respirer sa population
qui a des envies impérialistes condamnables
etc…
Et pas grand chose d’autre à dire dessus.
Bref, tout ce qui peut créer l’association d’idées suivante :
Russie = pas bien, méchant.
Pourquoi les médias occidentaux, peu importe sur quoi ils divergent, de gauche ou de droite, se DOIVENT de diffuser à quel point la Russie “c’est pas super” (au minimum) ?
Sans être fan de ce pays politiquement parlant4, je suis exaspéré de voir ces médias dénoncer à longueur de journée la propagande russe anti-occidentale, en faisant au même moment de la propagande anti-russe tout aussi forte et régulière. Ils aiment à présenter l’histoire de ce conflit de manière tronquée, en omettant notamment de mentionner le rôle majeur qu’ils ont dedans (oups!).
Idem pour le traitement médiatique sur la Chine. Je sens comme un soupçon d’opportunisme chez beaucoup de représentants d’ONG, diplomatiques ou politiques de pays Occidentaux qui dénoncent le maltraitement des Ouighours par l’état chinois juste par esprit de contradiction, et juste pour s’opposer à cet état. Tout cela pour mettre un coup à leur rayonnement dans le monde, et non pas pour les Ouighours.
Encore une fois, je ne peux que trouver le traitement des Ouighours horrible et condamnable, mais je dis cela sincèrement, pas simplement pour être contre la Chine. Je trouve que la Chine est un pays intéressant, avec ses forces et faiblesses, qui commet aussi de grandes injustices.
Drabni ou bka, sbaqni ou chka.
Le monde sous l’angle des rapports de force
Ce proverbe m’amène à faire un rappel : lorsque nous observons le monde autour de nous, il faut qu’on réapprenne à le voir sous le prisme des rapports de force.
Cela est crucial de s’en souvenir car certaines personnes ne voient le monde que sous le prisme “humaniste”, si on peut dire. Cela crée un décalage avec une analyse réaliste de la géopolitique et des principes moraux décrivant un idéal, forgés par des êtres humains.
D’ailleurs, ce sont souvent ces personnes que le plaignant cité dans notre proverbe réussi à convaincre : ”Ils nous ont attaqués, et fais ceci et cela. C’est horrible ! C’est contre tel ou tel principe moral humaniste !”
Tout le monde cite “L’art de la guerre” de l’éminent Sun Tzu, qui traite de stratégies militaires, mais peu semblent l’avoir lu et s’être imprégnés de certaines leçons ou informations qu’il contient.
Quelqu’un qui connaît réellement ce qu’est le rapport de force et de pouvoir, sait ce qu’est une attaque, une spoliation de terre, d’argent ou de ressources, une contre-attaque, la légitime défense, l’illégitime défense, le conflit diplomatique, la guerre économique, la guerre armée… peut plus facilement se prémunir d’être lui-même injuste, et connaît les droits et les devoirs de chacun.
Sans oublier que dans la loi, une forme de légitime défense est recevable et acceptable.
Drabni ou bka, sbaqni ou chka.
Difficile d’être juge…
Il est vrai qu’il est dur pour un œil extérieur de réellement savoir qui attaque et qui est attaqué, mais le fait même pour l’un des deux camps de brouiller les pistes fait partie du “jeu”.
Le théorème présumé de Pasqua explique parfaitement bien ce “jeu” :
Quand on est emmerdé par une affaire, il faut susciter une affaire dans l’affaire, et si nécessaire une autre affaire dans l’affaire de l’affaire, jusqu’à ce que personne n’y comprenne plus rien.
Il ne faut pas céder devant cet amas d’informations : pour ceux qui cherchent simplement la vérité, ils finiront par la trouver, en s’armant de patience, de principes logiques et parfois d’une certaine intuition.
Mais ce n’est pas en logeant l’oppresseur et l’oppressé à la même enseigne, juste pour se simplifier les choses soi-même, que l’on devient juste. C’est parfois le cas, mais souvent ça ne l’est pas. Les stratégies d’attaques ne sont pas à juger comme les stratégies de défense, car justement la seule différence entre les deux est la légitimité ou non de les mettre en place.
Cela a un rapport avec ce que je décrivais au début : le faciès, l’image, “l’aura” perçu d’un groupe devient un signe qui va faire trancher une partie de l’opinion publique sur qui est l’oppresseur et qui est l’oppressé. C’est grâce à cela que l’oppresseur, qui veut brouiller les pistes, peut vous tromper.
Notre tendeur de piège du proverbe tend un piège à son adversaire, mais il tend aussi un piège aux observateurs extérieurs, en attendant qu’ils adhèrent à sa version des faits…
Fin
J’espère que vous avez pu ressortir de la lecture de cet article avec au moins un seule chose :
“Drebni ou bka, sbaqni ou chka”
L’avez-vous mémorisé ou vous avez besoin de répéter encore après moi ? *rires*
On dit souvent qu’on reconnaît les gens qui mentent (bien) à la rapidité fulgurante de leur réponse.
L’armée a visé des hôpitaux, et des salles avec des couveuses. Les bébés prématurés sont morts. Les soldats se prenaient en photo là-bas avec le drapeau, en étant fiers de leur victoire contre des bébés prématurés.
Propos tenus par beaucoup de sion**tes sympathisants des attaques, et qui constituent un de leurs croyance partagé. Quand quelqu’un leur demande : “Que pensez-vous de l’attaque contre des innocents et de jeunes enfants ?”, ils répondent en toute décontraction “Je ne crois pas qu’ils soient innocents ; personne n’est innocent à G@z*”.
Rien que cette formulation de phrase montre ce que j’ai dit à la phrase précédente, tellement nous sommes socialisés à dire cela. Cela reste vrai néanmoins, je ne partage pas beaucoup de décisions politiques russes beaucoup trop dures, tout comme je le dirai pour la majorité des “grands” pays puissants de ce monde.